Aski-da a participé au projet de France Télévisions de déployer une plateforme de trafic en ST-2110 dédiée aux Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024.
Orchestré par Yannick Olivier, Tech Lead ST-2110 chez France Télévisions, ce projet a fait appel à deux de nos experts Aski-da, Jean Peiffer et Alexandre Bouton.
Jean a pour mission de coordonner l’équipe chargée du déploiement ST-2110 à France Télévisions, de mettre au point les stratégies de déploiement et de migration. Alexandre assiste Yannick dans la mise en œuvre des installations, les tests, les validations, la documentation et la formation des équipes de France Télévisions. Ils reviennent sur ce déploiement.
Quel était l’enjeu de ce projet ?
JEAN : l’enjeu était l’interconnexion entre OBS (Olympic Broadcast Services) et France Télévisions, permettant l’exploitation des flux UHD HDR non compressés afin de garantir la meilleure qualité possible depuis la source jusqu’à la diffusion. Nous avons également profité des fonctionnalités du ST-2110 pour assurer tous les besoins connexes (échanges entre les mondes HD et UHD, fabrication de mosaïques, traitements et gestion de l’audio…)
ALEXANDRE : Pour y arriver, nous avons mis en place une plateforme capable de récupérer rapidement et sans perte de qualité, les flux 54 UHD-HDR auprès de OBS pour mettre les images à disposition des productions de France Télévisions.
La plateforme a ainsi été conçue pour garantir la réception des signaux mais également leur conversion dans divers formats. C’était essentiel pour répondre aux exigences de production et de diffusion de France Télévisions, tout en offrant une interopérabilité parfaite au sein de l’écosystème de production du groupe.
Qu’a permis l’infrastructure ST-2110 ?
JEAN : tout d’abord et pour la première fois, elle a permis de récupérer les flux natifs et non compressés garantissant une qualité optimale. Cette technologie permet par ailleurs de délocaliser facilement les différentes zones techniques par rapport aux zones d’exploitation. France Télévisions a pour l’occasion déployé ses moyens de production mobile UHD (UM1 et UM2)
ALEXANDRE : Le réseau ST-2110 a également permis d’interconnecter le trafic JO éphémère de France Télévisions, spécialement créé à l’occasion des jeux olympiques, à son car régie UM1 servant de régie de continuité au siège de France Télévisions. L’autre véhicule (UM2) a été déployé au stade de France pour assurer les productions de l’athlétisme. Il était également connecté au trafic JO en ST-2110 en utilisant une liaison compressée JPEG XS.
Les interconnexions ont été réalisées grâce à des équipements réseau standardisés, permettant une gestion efficace des flux audio, vidéo et métadonnée. Par exemple, nous avons utilisé le standard ST-2110-41 pour le transport des métadonnées permettant la gestion audio en Dolby Atmos, le rôle du son étant aussi primordial que celui de la vidéo pour permettre une bonne immersion.
Quel a été votre rôle auprès de France Télévisions ?
JEAN : Mon rôle a été de proposer des stratégies innovantes pour la couverture de l’évènement, comme par exemple l’emprunt de matériels destinés à des projets en cours plutôt que la location éphémère. J’ai également initié l’achat par anticipation de matériels qui allaient être recyclés dans divers futurs projets, également pour éviter les locations.
J’avais également la charge de la bonne coordination des équipes réseau et opérationnelles de France Télévisions pour la mise en œuvre des dispositifs
ALEXANDRE : Pour ma part, j’ai été impliqué sur la mise en place du cœur de réseau ST-2110 ainsi que l’implémentation, la configuration et le test des équipements du trafic JO. Une partie de ma mission a également été consacrée à la rédaction des documents d’architecture technique et d’exploitation mais également l’organisation de sessions de formation pour l’équipe de support. Durant l’évènement, j’ai assuré une partie du support sur la partie ST-2110.
Quelles ont été les étapes clés ?
JEAN : Nous avons tout d’abord ouvert les voies de communication nécessaires entre les départements d’ingénierie, d’exploitation et informatiques, tant la stratégie envisagée était transverse. Nous avons ensuite défini un plan d’action et trouvé une zone physique pour l’exploitation du Trafic JO temporaire. Des travaux ont été réalisés tandis que nous organisions les achats nécessaires au dispositif. Les installations provisoires ont été montées avec les équipements empruntés aux projets démarrés ou achetés pour l’occasion, l’interconnexion avec OBS a été établie et les tests ont pu commencer.
Nous avons également fait l’acquisition du système Cerebrum et créé en partant de rien une interface de contrôle opérations, capable de piloter à la fois les mondes IP UHD en ST-2110 et les mondes HD en SDI. Les tests se sont terminés quelques heures avant le début des compétirions.
Que retiendrez-vous personnellement de ce projet ?
ALEXANDRE : la montée en charge au sein du cœur de réseau fraichement déployé était particulièrement marquante. C’est parfois à ce moment que tout peut basculer. Nous avons eu la satisfaction de constater que notre plateforme savait parfaitement encaisser la charge nécessaire à la production des Jeux. C’était un moment de satisfaction et de grand soulagement ! Durant l’exploitation de la plateforme, nous n’avons pas rencontré de d’incident notable et nous avons pu constater que les normes 2110 et connexes ont atteint un niveau de maturité suffisant pour permettre une production de manière fiable et sereine.
Je retiens également les nombreux échanges, toujours constructifs, avec les équipes de France Télévisions. Les Jeux ont été galvanisants pour tout le monde et l’ambiance de travail avec l’équipe du trafic JO était très saine. On vit rarement deux fois les Jeux dans son pays, encore moins dans la chaine de fabrication des programmes. Ce fut une expérience unique.
JEAN : Une telle transition technologique dans un délais si court relève de la performance. Pour y arriver nous avons eu la chance d’être entourés d’experts et spécialistes dans chaque domaine. Nous n’avons en outre rencontré aucun problème réseau, seulement de petits désagréments liés à des produits métier. Ce que je retiendrai donc est que la maîtrise et le talent des spécialistes est un facteur clé de la réussite d’un tel projet. Je suis fier d’avoir pu les encadrer.
En quoi ce projet se place dans d’autres perspectives pour France Télévisions ?
JEAN : Ce projet a été un tremplin pour le déploiement de cette nouvelle technologie au sein de France Télévisions. L’évènement a permis de rassurer bon nombre de personnes qui étaient perplexes quand au bien fondé de cette approche. Les nouveaux projets de France Télévisions s’articulent désormais tous sur la base de ST-2110 avec en plus la volonté de déployer les infrastructures dans des sites techniques distants.
Nous constatons également qu’une partie des industriels sont à l’écoute et profite de notre avance dans ce domaine pour faire évoluer leurs produits afin de mieux répondre aux besoins qui se présentent. C’est globalement très positif et fait avancer tout le monde dans une direction cohérente.
ALEXANDRE : L’infrastructure ST-2110 mise en place ne se limite pas aux Jeux. Elle prépare une refonte future du réseau nodal de France Télévisions, assurant une production et une diffusion de contenu selon de nouveaux standards de qualité. Après la transition du nodal, nous pourrons envisager la migration des infrastructures de production du siège et des régions vers ces nouvelles technologies, ce qui nous présage de très beaux projets !
En posant les bases d’une infrastructure moderne, France Télévisions et ses partenaires anticipent les futures évolutions du secteur audiovisuel avec un système prêt à évoluer pour répondre aux besoins de production.